l'AFA au Forum 2008 des Entreprises


Intervention de Mme Edith Cresson,

ancien Premier Ministre,

Présidente de la Commission Economie de l’AFA,

à l’inauguration du Forum 2008 des Entreprises organisé par l’Association REAGE

le 15 mars 2008


Je suis très heureuse d’être parmi vous aujourd’hui et je remercie M. Fatah Ouzzani, Président de l’Association REAGE, de m’avoir invité au Forum des Entreprises 2008, en tant que Présidente de la Commission Economie de l’Association France Algérie à laquelle il apporte lui-même la qualité de son expertise.


C’est d’abord avec un grand plaisir que je retrouve :


M. Redha Hamiani, Président du Forum des chefs d’entreprises et ancien ministre

M. Marc Bouteiller, chef de la Mission économique française en Algérie

que j’avais rencontrés à Alger en Novembre 2007.


Il existe comme vous le savez de très nombreuses réunions consacrées aux relations économiques entre la France et l’Algérie, avec la présence d’entreprises et de chefs d’entreprises, de tables rondes animées par de prestigieux intervenants, de rencontres de cadres et d’hommes d’affaires en vue d’un partenariat, de représentants des Administrations, tous compétents et motivés, qui doivent nous conduire, comme le dit joliment l’invitation d’aujourd’hui, à mettre le « Cap sur l’Algérie ».

Toutes ces rencontres ont leur utilité et leur objet, mais leur liste s’allonge, le contexte des relations évolue et les résultats sont parfois longs à se concrétiser.


La qualité de leurs approches techniques politiques et diplomatiques n’est pas en cause, mais j’opterai volontairement aujourd’hui pour une vision moins technocratique et plus humaine.


Je pense que la rencontre d’aujourd’hui fera date, car la démarche de l’Association REAGE me semble différente, intéressante et surtout nouvelle.

Ses membres ont adopté un positionnement réaliste. Ils se présentent comme de nouveaux acteurs économiques qui assemblent autrement les éléments de ce qu’il faut faire, les initiatives qu’il faut prendre et les discours qu’il faut tenir.


Ils ont un parcours et appartiennent à une génération qui leur fait tenir compte spontanément des changements intervenus dans les deux sociétés civiles, française et algérienne, depuis une vingtaine d’années, ou qui les ont affecté : la mondialisation des économies, la dimension européenne grandissante, le poids croissant de la Méditerranée, les bouleversements de l’environnement international et surtout la modification des repères sociologiques de part et d’autre.

N’est-ce-pas nouveau que plusieurs centaines d’Ingénieurs Français ou ayant la double nationalité française et algérienne, ou Algériens, sortis des Grandes Ecoles ou des Universités françaises, que 20 000 à 30 000 patrons et professionnels libéraux s’organisent et disent qu’ils sont disponibles pour s’engager et engager ensemble leurs compétences dans la réussite de projets économiques franco-algériennes sérieux ?

Ce que je le lis dans la presse algérienne, (et trop peu dans la presse française), montre qu’il s’agit d’une mobilisation des « cadres », exigeants que des deux cotés de la Méditerranée « les choses bougent » sans égard particulier pour le « politiquement correct » des uns ou des autres.

N’est-ce-pas nouveau aussi lorsqu’ils ajoutent, d’une manière ouverte et sans complexe, qu’ils le font avec le souci de l’intérêt des deux pays en matière de développement et de progrès social parce que l’avenir des deux pays leur tient à cœur ?

Ils privilégient spontanément ce que tous les experts honnêtes avaient conclu : le soutien impératif à la mise en place d’un tissu industriel continu entre la France et l’Algérie, de PMI/PME et en tout premier lieu aux PMI/PME franco-algériennes et aux entreprises et aux partenariats mixtes franco-algériens.

Ils rappellent la faiblesse du nombre des femmes chefs d’entreprises, mais se félicitent qu’il y en ait et souhaitent que l’on fasse tout pour qu’il augmente.

Ils appellent les deux pays (je cite Le Soir d’Algérie du 9 mars) à les « insérer dans la dynamique de l’économie du Savoir et de la Connaissance et de lever des deux côtés des contraintes avérées ».

Mais c’est d’abord parce qu’il s’agit de la France et de l’Algérie que la démarche et les propositions de REAGE, de ses responsables et de ses membres, sont d’abord profondément humaines et solidement ancrées dans la réalité et le vécu de nos sociétés. Il faut en prendre acte.

En conclusion, permettez-moi, devant la motivation et l’engagement d’une partie de la population française et d’une partie de la population algérienne appartenant à l’élite de nos deux sociétés, de faire ce constat de bon sens : la crispation des uns face à la « Fuite des cerveaux » et l’entêtement des autres pour « une Emigration Choisie » me semblent parfois un peu dépassés.

Merci à vous tous pour votre détermination à faire des relations entre les Français et les Algériens une Entente et une magnifique aventure.