Hommage à Germaine Tillion


En nous quittant, Germaine Tillion laisse l’Association France Algérie profondément endeuillée. Elle en était en 1963 un des plus éminents membres fondateurs et jusqu’au jour de son décès la Présidente d’Honneur. Mais innombrables sont ceux d’entre nous désormais orphelins tant son parcours était hors du commun et sa vie exemplaire.

Au-delà de la relation des faits de sa vie que nous connaissons tous, elle montre avec quelle passion elle légitimait ses exigences. D’abord elle satisfait à l’exigence du savoir, dans un domaine : l’anthropologie où la connaissance est délicate, ingrate, souvent décriée. Elle nous fait comprendre qu’on ne conseille pas le Président de la République Charles de Gaulle sur les voies de l’indépendance de l’Algérie quand on n’a pas, jeune ethnologue, arpenté les Aurès pour en faire sa thèse.

Elle sacrifie à l’exigence de l’engagement en résistant à un ordre social et politique dans lequel elle ne reconnaît pas « l’humanité » qui lui est chère. Elle le vit et le paie à Ravensbrück. Elle y pratique l’exigence de l’espoir en y écrivant une pièce de théâtre et en y affirmant la primauté du lien entre l’intelligence et l’espérance quand elle dit que la compréhension de l’organisation du camp lui a été d’un grand secours.

Les anciens et les nouveaux de l’Association France Algérie lui rendent hommage d’abord pour l’attitude de fidélité à cette obligation d’effort préalable de connaissance, qui est à la fois autorité morale et modestie personnelle. Il est encore davantage d’une absolue nécessité de nos jours où beaucoup de combats menés au nom de la défense de nos valeurs sont devenus, pour le moins, approximatifs et loin du respect du vrai et du vécu.

C’est de cet héritage que nous la remercions et nous lui rendrons un hommage plus solennel dans un séminaire que l’Association organisera à l’automne autour du thème de son livre « Le harem et les cousins », livre culte pour tous les fervents connaisseurs de la Méditerranée si courtisée ces temps-ci.

Une Germaine Tillion nous aurait été encore si utile !


Le Bureau