Entretien avec le professeur Mohamed Korso

Le Jour d'Algérie
16 octobre 2009

«Il est plus facile d’accéder aux archives à Paris qu’à Alger»


Mohamed Korso, est professeur d’histoire à l’université d’Alger, nous l’avons rencontré hier au Centre de presse d’El Moudjahid à Alger où il animait une conférence en hommage aux chouhada de la Seine à l’occasion de la commémoration du 48e anniversaire de la Journée nationale de l’émigration, 17 Octobre 1961.

Le Jour d’Algérie : Dans votre intervention vous avez dit qu’il est plus facile d’accéder aux archives de la police française à Paris qu’à celles de la Révolution algérienne à Alger. Or, on nous a habitués à un certain discours qui consiste à dire que le gros des archives de la période coloniale se trouve à Aix-en- Provence en France…
Mohamed Korso : Ah non ! Des lots importants existent à Alger.
Et heureusement que la France a rapatrié 60 tonnes de papier qui correspondent à
200 000 cartons. Franchement, il y a trop d’entraves pour y accéder.
Il vous faut toujours une autorisation. Tenez, en 2003 ou 2004 (je n’ai pas en mémoire la date exacte), Mohamed Harbi et Ali Haroun ont remis des archives. Mais, malheureusement, on refuse de les mettre à la disposition des chercheurs au motif qu’elles font l’objet de classement. Mais combien encore va durer ce classement ?

A quel niveau ces archives ont été remises et quel est leur contenu ?
Elles ont été déposées au siège des Archives nationales de Birkhadem à l’époque d’Abdelkrim Badjadja qui est un vrai professionnel. Un rapport de confiance unissait les chercheurs et l’ancien directeur des Archives nationales. Ce qui explique le geste de Haroun et Harbi. Je n’ai pas pris connaissance de ce qui peut composer ce lot d’archives mais je présume qu’il est constitué d’articles de presse, d’analyses et d’archives de la Fédération de France du FLN. Ces refus répétés de nous laisser consulter les documents brisent la confiance et incitent les gens détenteurs d’archives à ne plus les remettre à l’autorité censée les gérer.

Selon vous, quelle pourrait être la raison de cette fermeture des archives ?
Eh bien je pense que l’histoire de la Révolution donne des frissons à certains de nos responsables.
L’histoire de la Révolution fait peur. Voilà. Cela doit cesser car cela mine notre culture historique.

Vous défendez aussi l’idée de l’érection à Alger sur le front de mer d’une stèle à la mémoire des victimes de la police parisienne du 17 Octobre 1961…
Oui, d’autant plus que la stèle érigée à Paris fait l’objet sans cesse d’attaques de la part des pieds-noirs. L’érection de la stèle ne suffit pas. Il faut poursuivre l’Etat français en justice pour les crimes qu’il a commis.
Propos recueillis par Larbi Graïne


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