La Presse en parle : L'AFA à Roubaix suite


ROUBAIX / DÉBAT

Pour que l'arabe ne soit pas un dialecte

Nord Eclair



24 mars 2010




M. Tayeb présentant trois intervenants, MM. Weexsteen, secrétaire de l'AFA, Tizaghti, adjoint et Siefer-Gaillardin, vice-président de l'AFA


On débattait hier à l'IUP Infocom de l'enseignement de la langue arabe en France. Bien qu'elle soit la deuxième à être parlée dans notre pays, celle-ci éprouve encore des difficultés à se faire reconnaître et son apprentissage relève encore fréquemment « d'officines » non agréées.


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Combien de jeunes Roubaisiens pratiquent l'arabe ? Abdellah Tizaghti, adjoint au maire et lui même professeur agrégé d'arabe en lycée, hésite à donner un chiffre. Certes à partir des modules d'enseignement des langues et cultures d'origine mis en place dans les écoles primaires, les collèges et lycées et assurés par des intervenants étrangers, on pourrait sans doute établir des statistiques. On sait aussi que cinq collèges et lycées roubaisiens proposent l'arabe en seconde langue avec cinq enseignants dépendant de l'Éducation nationale. Mais il y a aussi les associations. Ainsi le centre culturel du monde arabe qui ne veut pas dissocier la langue et la culture et puis des associations cultuelles imperméables à tout contrôle qui pour leur part ne veulent pas la dissocier de la religion.
Arabe parlé ou arabe classique ? Arabe confessionnel ou arabe laïque ? L'enseignement de l'arabe - on devrait dire des langues arabes - est, on le voit, un enjeu complexe. « D'autant que la prise de conscience de cette réalité en France même si elle est réelle et profonde demeure assez lente.
L'évolution de cette approche ressemble à celle d'un super-tanker équipé d'un moteur de cargo », indiquait Alfred Siefer-Gaillardin, ancien ambassadeur de France et vice-président de l'association France-Algérie en ouverture du colloque « Apprendre les langues du monde arabe en 2010 », un colloque qui semblait livré clef en main au centre culturel du monde arabe tant le nombre de spécialistes de l'association France Algérie était imposant.


Un pont entre deux populations

L'association que préside Pierre Joxe, ancien ministre, qui n'avait pu venir à Roubaix, a été créée en 1963 par Edmond Michelet, soutenu en cela par le Général de Gaulle qui souhaitait cicatriser les plaies de la guerre d'Algérie et établir de nouvelles relations entre les populations des deux rives de la Méditerranée. Des consciences aussi éclairées que Germaine Tillon, Stéphane Hessen, Bernard Stasi ont marqué l'association de leur empreinte. L'AFA depuis longtemps souhaite « provoquer un électrochoc en France sur l'enseignement de la langue et de la civilisation arabe ». À cet égard, son Excellence M. Alfred Siefer-Gaillardin estime que le discours de Nicolas Sarkozy à Constantine en 2007 a marqué un tournant.
Bruno Halff, ancien inspecteur général chargé de l'enseignement de l'arabe auprès du ministère n'en disconvient pas. Cet enseignement, selon lui, s'est énormément amélioré au cours des deux dernières décennies grâce à de meilleurs outils pédagogiques, grâce à des programmes mieux élaborés, grâce à une meilleure diffusion des publications en arabe. Il n'en demeure pas moins que, en dépit de ces améliorations, cet enseignement touche moins de monde. En vingt ans, estime l'ancien inspecteur, le nombre d'élèves a baissé de moitié au profit de l'enseignement d'autres langues d'origine telles que le chinois. M. Halff pense toutefois que ce n'est qu'un phénomène passager. Quant à prétendre que l'apprentissage des langues d'origine peut être un facteur d'intégration... M. Halff évite de se montrer trop catégorique : « Peut-être, à condition que cet enseignement soit bien mené ! »w