L'AFA à l'Institut du Monde Arabe

20 Février 2008


Chers Amis,

Je vous prie de trouver ci-joint le texte du discours de Mme Edith Cresson, ancien Premier Ministre, Présidente de la Commission Economique de l'AFA, à l'occasion de l'inauguration de l'exposition philatélique et du premier jour de l'émission du timbre français à l'effigie de l'Emir Abd el Kader, le 20 février 2008 à l'Institut du Monde Arabe

Raoul WEEXSTEEN
Secrétaire Général

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Discours d’Edith Cresson à l’IMA,

le 20 février 2008,

à l’occasion de l’émission du timbre français

à l’effigie de l’Emir Abd el Kader



Je remercie :

Dominique Baudis qui a accepté d’accueillir à l’IMA l’événement que constitue l’émission du timbre français en hommage à l’Emir Abd el Kader, ainsi que, sur la proposition de Pierre Joxe, Président de l’Association France Algérie, l’exposition philatélique qui l’accompagne.

Jean Paul Bailly, Directeur de La Poste qui a soutenu l’idée de donner à cette manifestation une certaine ampleur et à toute l’équipe de La Poste : Mme Françoise Eslinger, Directrice de Philaposte, Mr Pascal Bladinières, responsable de la programmation de Philaposte, qui en ont permis la réalisation.

Mokhtar Taleb-Bendiab Directeur Général de l’IMA, qui s’est mobilisé et a assuré tous les contacts préparatoires nécessaires.

Raoul Weexsteen, Secrétaire Général de l’Association France Algérie, qui a suivi toutes les démarches indispensables avec le plaisir de contribuer au rapprochement des Algériens et des Français.

Mais je n’oublie pas de remercier aussi vivement l’ancien Ministre délégué à l’Industrie Mr François Loos pour son initiative d’avoir fait inscrire l’émission de ce timbre au programme philatélique de 2008. Elle permet aujourd’hui de rendre à la grande figure historique de l’Emir Abd el Kader, à l’occasion du Bicentenaire de sa naissance, l’hommage de tous les Français.

Je ne vais pas reprendre ici dans le détail l’extraordinaire destin, l’épopée, qu’a constitué la vie d’Abd el Kader. Beaucoup de travaux ont été menés sur son itinéraire et un grand nombre, récents, ont montré et renforcé son importance et la modernité de son message.

De nos jours et à l’heure des propos et des débats provocants, décevants, lassants sur le Choc des Civilisations, nous retrouvons en lui un Homme dont les attitudes, les principes, les convictions, l’Honneur sont restés les mêmes quels que soient son statut, sa situation et le sort qu’il ait eu à affronter.

Qu’il soit chef de guerre, chef d’un Etat algérien dont il jetait les bases, vaincu et privé de liberté, puis de nouveau libre, il s’est toujours tourné vers l’avenir. C’est une personnalité de Progrès que ne paralyse pas le culte du Passé. Comment ne pas souligner qu’il est d’abord un Homme de son temps, dans ses projets, dans ses espoirs et même dans ses déconvenues.

En premier lieu un Humaniste, pas seulement au sens classique de lettré, mais sensible à la « condition » des hommes et à leurs destins, qu’ils soient libres ou prisonniers, comme l’a montré sa mansuétude lorsqu’il était victorieux. Epris aussi de Loyauté dans les rapports humains, les négociations, les engagements, toujours respectueux de la parole donnée.

Plus encore, Utopiste, et j’emploie et j’entends ce terme ici dans son sens le plus louangeur. Ami des St Simoniens, et des socialistes, sans doute un peu naïfs, du début du 19ème siècle, il a souscrit à une approche idyllique du fonctionnement des sociétés humaines et il avait raison. Elle était conforme à un Idéal de Paix et de Tolérance dont nous nous sommes éloignés. Très lié à Ferdinand de Lesseps, qui a envoyé un navire de la Marine Nationale le chercher au Liban pour qu’il puisse assister à l’Inauguration du Canal de Suez, il ne se sentait pas agressé par la Technologie Occidentale. Il pensait que Spiritualité et Progrès technique pouvaient faire bon ménage et il avait raison.

Enfin Un Croyant mais qui donne du sens à sa Foi, sans hypocrisie, sans sectarisme, sans fanatisme, sans prétention à l’Universalité de sa croyance, sans coercition, sans violences. Il s’est toujours attaché à la pratique des valeurs auxquelles il croyait et pas à leur simple proclamation.

Nous avons le sentiment de voir sous nos yeux se raréfier les comportements nobles. Nous vivons à une époque où il est plus fréquent de les voir raillés que suivis.

Dans nos Sociétés, dans les relations entre Etats on aimerait davantage de magnanimité, de celle que pratiquait spontanément des Hommes comme l’Emir Abd el Kader.

Je crois pouvoir dire que les qualités dont il a fait preuve font de lui un Réconciliateur, et que des Personnalités de sa taille sont les bienvenues aujourd’hui.